L’année 2024 touche à sa fin, mais sur une note douce et mémorable. Le Centre culturel afro-canadien de Montréal (CCAM) a rendu hommage, lors de la troisième édition de la Soirée Héritage, à Mme Amina Gerba.
Originaire du Cameroun, Mme Gerba a été désignée sénatrice indépendante pour le Québec en juillet 2021 au Sénat du Canada. Elle siège actuellement au sein du comité sénatorial des Affaires étrangères et du commerce international, et co-préside l’Association parlementaire Canada-Afrique. Avant sa nomination, elle a occupé la présidence du conseil d’administration d’Entreprendre Ici, une organisation dédiée à soutenir les entrepreneurs issus de communautés culturelles.
Mme Gerba est également une femme d’affaires reconnue et une experte en marketing international. Depuis plus de 25 ans, elle a agi comme un pont entre le Canada et l’Afrique. Elle est la fondatrice de « Kariderm » et « Kariliss », deux marques emblématiques qui témoignent de son esprit visionnaire dans la fabrication de produits cosmétiques à base d’ingrédients naturels et biologiques issus du commerce équitable en Afrique. Grâce à ses marques, elle met en avant les matières premières naturelles et certifiées biologiques provenant du continent africain.
Mme Gerba a reçu de nombreuses distinctions, dont la chevalière de l’Ordre national du Québec en 2014, la plus haute distinction remise par le gouvernement du Québec.
Je m’efforcerai maintenant de vous restituer le plus fidèlement possible l’atmosphère de cette soirée du 7 novembre dernier.
Le cadre somptueux de l’hôtel Carlton-Ritz a accueilli le CCAM ce soir-là, et dès l’entrée dans l’établissement, le spectacle s’est révélé resplendissant.
Alors que les invités commencent à affluer, je laisse mon regard se perdre parmi les visages. Les minutes passent, et plus la salle se remplit, plus la cadence des rires s’intensifie. Tel un défilé, les invités, parfumés et soigneusement apprêtés, prennent la pose pour les photos. À mesure que la salle se remplit, l’ambiance devient vibrante, entre éclats de voix, flashs des appareils photo et un brouhaha grandissant. Pour décrire au mieux la scène devant moi, j’ai cherché mes mots, mais tout simplement, ce que je voyais sous mes yeux était ce que l’on appelle la « Black Excellence ». La communauté est à son apogée : toutes ces personnes, en majorité afro-descendantes, professionnelles accomplies, sont réunies dans une joie partagée. Elles s’enlacent, se sourient, et l’enthousiasme est palpable. C’est une représentation de l’avenir, un rêve de grandeur incarné.
Mais mes surprises ne s’arrêtent pas là. Lorsque la porte de la salle donnant sur la scène s’ouvre, la beauté du lieu se révèle : lustres, chandeliers, bougies. Cependant, la lumière que j’attends réellement n’est pas encore arrivée, elle viendra plus tard, celle de Mme Amina Gerba.
La chorale commence à chanter, et ce sont leurs harmonies vibrantes qui marquent véritablement le début de la soirée. Puis, tour à tour, certains proches de l’honorée se lèvent pour faire son éloge. Lorsque M. Jean-Louis Roy, le président d’honneur de la soirée, nous dresse quatre ou cinq portraits de Mme Gerba, l’étendue de ses capacités se révèle. Il décrit chacun des aspects de sa personnalité qui ont pavé son chemin, « du petit commerce du Cameroun à la grande entrepreneuse qu’elle est aujourd’hui ».
Ces mots résonnent avec ceux prononcés plus tard dans la soirée par M. Allen Alexandre, le directeur général du CCAM, qui nous rappelle que « le progrès n’est jamais un chemin linéaire » et que « un rêve lointain devient une réalité atteignable ». M. Alexandre va encore plus loin en affirmant qu’Amina Gerba était le choix évident pour recevoir le prix de cette soirée, déclarant même avoir vu en elle son propre reflet. C’est cela, la culture : se retrouver et se reconnaître dans l’expérience de nos semblables. Et c’est cette culture que nous devons transmettre aux générations futures. Mme Gerba, dit-il, « représente le potentiel d’une nouvelle génération de femmes noires ».
Son prédécesseur, Frantz Saintellemy, qui a été honoré l’année précédente, ajoute à cette vision en soulignant que Mme Amina Gerba « vit pour sa communauté ». C’est là que réside le principe d’héritage : en vivant pour nous, elle vit à travers nous et continuera de le faire de génération en génération.
Enfin, Mme Amina Gerba prend la parole, et son discours, empreint d’émotion et de sincérité, témoigne de sa profonde gratitude. Elle partage notamment que ce qu’elle appelle son « écosystème », un réseau solide de contacts et d’amitiés durables, lui a permis de poursuivre son chemin. Selon elle, la foi, le travail et la persévérance sont les clés de la réussite, car « le succès se construit avec constance », et ce, malgré les échecs rencontrés sur le chemin.
La reconnaissance de sa communauté, ce soir-là, revêt une signification toute particulière. Entourée de « membres accomplis de la diaspora afro-descendante », elle conclut avec un dicton qu’elle chérit : « UBUNTU », qui se traduit par « je suis, parce que nous sommes ».
Tina Mostel.
Pour le CCAM